Phare d'Eddystone
1756-1759 (3e phare)
Granit
18 m
Le phare d’Eddystone, construit au large de Plymouth entre 1756 et 1759 par John Smeaton (1724-1792), constitue un tour de force qui impressionne le monde naissant des ingénieurs civils. Le mode de financement de ces travaux est conforme à la tradition anglaise. Smeaton travaille pour deux entrepreneurs privés, Lovett et Rudyerd, à qui la corporation de Trinity House a concédé ses droits pour 99 ans, contre une rente annuelle de cent livres et un pourcentage sur les profits générés par le phare. Lovett et Rudyerd en sont à leur deuxième phare, un édifice de bois, construit en 1708, ayant brûlé avec son gardien en 1755. Ils confient leur intérêt à John Smeaton, un fabricant d’instrument scientifique, recommandé par la Royal Society dont il est membre depuis 1753. Le succès du chantier installe la réputation de Smeaton dans le monde du génie civil britannique. Il fonde en 1771 la Society of Civil Engineers.
Smeaton publie en 1791 un intéressant récit de la construction du phare. Il y explique en particulier ses recherches pionnières sur les chaux hydrauliques, ainsi que sa technique d’appareillage des pierres, qui permit aux premières assises de tenir à la mer. Il reste en revanche très énigmatique sur la forme évasée de la base du phare, disant s’être inspiré de la forme d’un arbre. L’ingénieur Lesage traduira le livre à l’attention des élèves des Ponts et Chaussées. L’influence d’Eddystone sur l’architecture des phares en mer est évidente. Léonce Reynaud s’y réfère explicitement quand il dessine le Héaux de Bréhat. Vers 1880, le phare de Smeaton sera remplacé par une tour plus haute (1877-1882, par James Nicholas Douglass), mais il est remonté pierre par pierre à Plymouth, sur la terre ferme.
École nationale des ponts et chaussées