Phare Amédée
1864-1865
Fer puddlé
56 m
Optique simple focale 0,375m (1985)
Caractère : 2 éclats blancs toutes les 15 secondes : Portée : 24,5 Milles
Automatisé en 1985
Classé Monument historique en 2007
En 1853, la France s'empare de la Nouvelle-Calédonie, un archipel connu des marins depuis les navigations de Cook et de La Pérouse à la fin du XVIIIe siècle. Il s'agit de contrer l'influence britannique dans ces eaux du Pacifique en installant une station navale, puis une colonie de peuplement et un bagne tristement célèbre. La Grande Terre, île principale de l'archipel, est protégée par une impressionnante barrière de corail dont il convient de sécuriser les passes. Les autorités de la jeune colonie saisissent la Commission des Phares à Paris à laquelle est confié le soin de déterminer l'emplacement et les caractéristiques du grand phare qu'elles réclament à cor et à cri. Après quelques hésitations, celui-ci doit être situé sur un îlot de la barrière de corail, Amédée. Amédée a d'emblée une valeur symbolique, au-delà de sa fonction de sécurité maritime, qui impose un geste architectural au colonisateur français. En 1861, Léonce Reynaud dessine en quelques jours les plans d’une tour en fer de 45 mètres jusqu’à la plateforme. La structure porteuse de l’édifice, faisant office d’échafaudage, doit être indépendante de l’enveloppe extérieure, qui la protège des agressions du milieu marin. L’enveloppe est en quelque sorte « consommable » : elle peut être renouvelée, si les quatre couches de minium prévues – deux à Paris, deux après le remontage sur l’îlot – n’empêchent pas son oxydation. La tour doit être boulonnée, afin d’éviter tout rivetage sur place. L’inventaire des pièces expédiées comporte un millier de boulons de diverses tailles. La tour est un hexadécagone. Chacun de ses seize montants est composé de quatorze panneaux de fer à simple T, boulonnés les uns sur les autres. Ils reposent sur de grands patins de fonte, noyés dans un massif de béton. Des feuilles de tôle forment la peau de ce squelette de métal. La composition de la tour est de facture classique, inspirée par la colonne antique : piédestal, fût, couronnement. Un soubassement large et un fût au « talus prononcé » assurent la stabilité de l’édifice. La tour dessinée par Léonce Reynaud est fabriquée par François Rigolet, un entrepreneur en construction métallique célèbre pour son jardin d'hiver des Champs-Elysées (1847). Il s’engage à la monter entièrement dans ses ateliers dans un délai de quatre mois et pour une somme de 235.567 francs. C’est chose faite en juillet 1862. Quelques mois plus tard, la tour est démontée et transportée vers Port-de-France (Nouméa). 390 tonnes de matériel, réparties dans 1265 colis, sont chargées au Havre à bord du trois-mâts Emile Pereire. Le chantier d'assemblage est confié à un ingénieur colonial spécialement venu de métropole, Stanislas Bertin, qui ne rencontre pas de difficultés majeures pour mener à bien ce travail de Meccano géant, avec l'aide de marsouins de l'infanterie de Marine, de bagnards et de quelques Kanak. Le 15 novembre 1865, quatorze mois après le début des travaux, le gouverneur Guillain inaugure un feu fixe de premier ordre des ateliers Henry-Lepaute. Modernisé après 1952 la Seconde guerre mondiale, le feu est automatisé en 1985. Élément-clef de la sécurité maritime de la Nouvelle-Calédonie, le phare Amédée est devenu également un lieu de promenade pour les habitants de Nouméa. Le tourisme s'organise au fil du temps, à l'initiative de transporteurs qui assurent aujourd'hui la gestion de l'îlot et du phare.
École nationale des ponts et chaussées