Bibliothèque des Phares

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Gardiens de phare

La chambre de veille

Chaque soir, les phares s’allument sur les côtes. Avant les années 1990 et  l'automatisation, c'était le temps des gardiens et de la veille du feu.

La vie d’un phare en mer est celle d’un bateau de pierre: le rythme du quart, l’autonomie en vivres et en matériel, la présence de machines – un groupe électrogène, une sirène de brume –, des bruits auxquels le gardien s’habitue, une odeur tenace d’huile, la vacation radio quotidienne avec le poste Lagier.

La littérature, le cinéma et les médias ont tenté de rendre compte de cette vie où le rythme quasi monacal du quotidien était interrompu par la transition parfois précipitée de la relève hebdomadaire. L’allumage du feu à pétrole à la tombée du jour est l’instant critique au terme duquel le gardien regagne la chambre de veille. Cette pièce située entre l'ombre de l'escalier et la lumière de l'optique témoigne d'un quotidien souvent banal, qui s'écrit au fil des carnets et des registres tenus par le gardien pendant son quart, bien loin de la vision héroïque ou mythifiée qu’en donnent la littérature, le cinéma ou les médias.

Allumer le feu

Pour le gardien, l’allumage du feu à vapeur de pétrole est le moment le plus important de la journée. L’horaire est indiqué sur un tableau de service. Le rituel est immuable : le gardien met des lunettes pour se protéger les yeux, place un manchon en fibre d’amiante sur le brûleur, allume une petite lampe de chauffe qu’il place sous l’appareil. Puis il ouvre le détendeur de pétrole vaporisé. D’un geste rapide, il enflamme le manchon. Gare à l'incendie provoqué par la vapeur pulvérisée sous haute pression ! Le gardien note ensuite l’heure de l’allumage dans un cahier.

La relève

La relève hebdomadaire est un moment particulier dans les phares en mer. Elle s'effectue à l’aide d’un va-et-vient appelé «ballon» dans les phares de l’Iroise, ou d’un canot qui accoste le long d'un quai. Le gardien «montant» croise son collègue « descendant » qui rejoint la terre ferme. Quelques poignées de main sont échangées et le canot repart.

Deux hommes vont cohabiter en prenant alternativement le quart. Aux Roches-Douvres, un phare en mer situé à 16 milles au nord-est de l'île de Bréhat, la relève se déroulait chaque semaine au départ de Lézardrieux (Côtes d'Armor), pour une présence de quinze jours au phare pour chaque gardien. Il y avait donc un roulement entre gardiens pour gérer le temps passé au phare et le repos à terre.

Une vie et un métier

Les gardiens de phare deviennent des fonctionnaires au milieu du XIXe siècle. Ils sont environ 600 vers 1900. Des textes officiels organisent leur recrutement et leur carrière. Les candidatures militaires sont particulièrement appréciées. Le règlement prévoit un uniforme dont le port reste facultatif. La hiérarchie comporte sept niveaux, du grade de maître de phare à celui de gardien de 6ème classe.

Un phare n’est pas seulement une installation technique destinée à guider les marins. À terre et sur les îles, c’est un lieu de vie pour plusieurs gardiens et leur famille. Dans les grands phares électriques de la fin du XIXe siècle, on peut parler d’un véritable village, avec son four à pain, ses jardins potagers et des logements de qualité.