Commission des Phares
29 avril 1811
Française
Organisme
Le 29 avril 1811, une Commission mixte est créée pour examiner le projet de Coat de Saint-Haouen, chef d’État-major de la Marine à Boulogne, qui propose d'installer sur le littoral des tours dotées d’un éclairage « en verres de couleurs », bleu et rouge. Cette Commission des phares est composée de neuf membres, trois savants de l’Institut, trois officiers de Marine, et trois inspecteurs des Ponts et Chaussées. Sa composition évolue peu au cours du XIXe siècle. Il faut attendre 1929 pour qu’elle accueille un officier de pont de la marine de commerce, désigné par le Comité des Armateurs. Nommé en 1812, François Arago (1786-1853), physicien et professeur à l’Ecole polytechnique, s’impose comme le patron de la Commission, dont la mission, après le rejet du système de Saint-Haouen, est d’organiser l’éclairage des côtes de France. Les choses sérieuses commencent en 1819, quand il appelle Augustin Fresnel pour une série d’expériences conduisant à l’adoption des appareils lenticulaires. La Commission offre à Fresnel un cadre institutionnel et un poste qui lui permettent de mener à bien une innovation de rupture par rapport à la technique éprouvée des réflecteurs. La commission siège de manière intense, afin d’élaborer un ambitieux programme d’éclairage constitué d’une cinquantaine de feux majeurs. Pour le mettre en oeuvre, la Commission s’appuie sur Léonor Fresnel (1790-1869), qui succède à son frère en 1827 au poste de secrétaire. La Commission des phares est une instance puissante jusqu’à la mort de Léonce Reynaud, qui lui réserve une salle dans le nouveau dépôt de Paris. Si son pouvoir sur les sujets techniques s’affaiblit face aux ingénieurs, au moment de l’électrification, la Commission joue un rôle important dans les questions de localisation des aides à la navigation. La Commission repose sur une expertise publique et scientifique, qui n’exclut pas les controverses. Celles-ci sont alimentées par les avis des ingénieurs, des hydrographes et des officiers de la Marine, dont les rapports d’observations mettent régulièrement en cause la politique menée par la Commission. Les avis de la Commission s’appuient également sur les rapports de commissions locales, composées de marins « pratiques », de représentants des populations littorales et de représentants de l’Etat local. Celles-ci sont mises en place dès 1826 pour critiquer le programme de 1825. Elles seront beaucoup consultées dans la création des aides locales et le balisage. Les registres de la Commission constituent des documents essentiels pour comprendre la dynamique de l’éclairage des côtes de France. La Commission est une instance de débats, qui contredit l’image d’une technocratie arrogante imposant ses choix aux populations littorales.
École nationale des ponts et chaussées